LOUISE BOURGEOIS

Une vie

Louise Bourgeois, née à Paris le 25 décembre 1911 et morte à New York le 31 mai 2010, est une sculptrice, dessinatrice, graveuse et plasticienne française, naturalisée américaine. Elle est surtout connue pour sa sculpture et ses installations monumentales. Elle explore des thèmes tels que l'univers domestique, la famille, le corps, notamment les organes sexuels, tout en abordant une approche qui se traduit comme une manifestation des subconscients et la réactivation de souvenirs de son enfance. Elle est proche des mouvements expressionnistes abstraits et du surréalisme, ainsi que du mouvement féministe, mais reste toute sa vie non affiliée à une mouvance particulière.
Bien que née en France, Louise Bourgeois a passé l'essentiel de sa carrière artistique à New York, où elle s'est installée en 1938 après avoir épousé l'historien d'art américain Robert Goldwater (1907-1973). Son travail d'artiste est reconnu tardivement et elle est considérée comme particulièrement influente sur les générations d'artistes ultérieures, surtout féminines.

Louise Bourgeois est la deuxième fille de Isidore Bourgeois (1884-1951) et de Joséphine Valérie Fauriaux (1879-1932). Son prénom, Louise, selon ses dires, est choisi par sa mère en hommage à Louise Michel, personnalité historique de la Commune de Paris. La famille habite à Choisy-le-Roi, dans la banlieue parisienne jusqu'en 1919, date à laquelle elle emménage au 11-13 rue d'Orléans ou Grande rue, aujourd'hui avenue de la Division-Leclerc, à Antony dans les Hauts-de-Seine.
Ses parents sont restaurateurs de tapisseries anciennes. Son père Louis Bourgeois tient une galerie au 174, boulevard Saint-Germain à côté du Café de Flore. Il y vend des tapisseries d'Aubusson et des Gobelins. Dans leur atelier de la maison familiale de Choisy, la mère de Louise Bourgeois, Joséphine, dirige la restauration et le retissage des tapisseries abîmées. Dès l'âge de dix ans, Louise commence à aider ses parents pour les dessins des tapisseries et à faire les pieds manquants ainsi que d'autres motifs lorsque le dessinateur Richard Guino était absent. Ce travail de dessin est son premier contact avec l'art : « Quand mes parents m'ont demandé de remplacer M. Richard Guino, cela a donné de la dignité à mon art. C'est tout ce que je demandais. »
Les grands-parents paternels vivent dans une ferme à Clamart, et la famille y passe les dimanches. Les grands-parents maternels sont originaires d'Aubusson et la grand-mère de Louise avait son atelier de tapisserie. Ils sont adeptes des philosophes des Lumières, ainsi que de Louise Michel et des communards.
En 1982, elle publie dans le magazine d'art américain Artforum un récit illustré de photographies de son enfance, intitulé Child's Abuse, dont l'esthétique est proche de celle des revues surréalistes des années 1930. Elle évoque dans ce texte un épisode aujourd'hui devenu fondateur dans la critique qui se déploie autour de Louise Bourgeois : au cours de son adolescence, Sadie Gordon Richmond, qui est l'enseignante privée d'anglais des enfants, devient la maîtresse de son père. Elle vit dix ans durant dans la maison familiale et la mère ferme les yeux sur cette relation. C'est ainsi seulement à partir des années 1980 que les lectures à la fois biographiques et psychanalytiques vont profondément orienter la lecture de l'œuvre de Louise Bourgeois, elle-même parlant de son travail sur le modèle de l'association libre.


Louise Bourgeois