Ensemble de femmes-maisons, 1945–1947
D’inspiration surréaliste, la série Ensemble de femmes-maisons est la rencontre inattendue de différents objets organiques et architecturaux. Des corps sinueux s’y métamorphosent en maisons à l’architecture rigide, symboles du foyer et de la sphère privée, et encore associées à l’époque au genre féminin. Engagée, cette série dévoile aussi un autre pan du travail de l’artiste : l’autobiographie. Ici, la maison est aussi le lieu des souvenirs plus ou moins heureux de l’enfance. Ceux de Louise Bourgeois sont en grande partie liés à l’adultère de son père avec sa gouvernante anglaise Sadie, un événement qu’elle considère comme traumatique.
Fillette, 1968
Déjouant les attentes du spectateur, Fillette prend la forme d’un pénis. Un crochet situé au niveau du gland montre que l’œuvre était destinée à être suspendue, et indique comment Louise Bourgeois souhaitait que le public l’observe. Jouant sur l’ambiguïté du titre, l’artiste laisse à penser que cette sculpture – faite de plâtre et de latex – pourrait également représenter un torse de femme dont les deux formes sphériques seraient le haut des cuisses. Les genres masculin et féminin s’y confondent : Fillette exprime à la fois une force créatrice, sexuelle, mais aussi une fragilité propre aux attributs sexuels mâles, que la sculptrice considère comme « très délicats ».
Maman, 1999
Avec les années 1990 apparaît la figure de l’araignée dans le travail de Louise Bourgeois. Associée à la figure maternelle, l’araignée tisse sa toile de la même manière que la mère de l’artiste tissait lorsqu’elle restaurait des tapisseries. Animal ambivalent, il a toujours été une figure positive dans l’œuvre de la sculptrice, qui explique sur l’un de ses dessins que sa « meilleure amie était [sa] mère et qu’elle était aussi intelligente, patiente, propre et utile, raisonnable, indispensable qu’une araignée. […] ». Comme de coutume, Louise Bourgeois joue sur l’ambiguïté : cette araignée pourrait également être perçue comme un être menaçant, prêt à emprisonner ses victimes dans sa toile.
À suivre dans la prochaine page...